Pêle-mêle : S* déteste le lundi, la séance de Snoezelen** de 45 minutes perçue comme 10. L’expressivité du regard de M* durant cette séance.
Le phrasé si différent de la synthèse vocale, son rythme, les rythmes tous si différents, et le cadre, les protocoles, le quotidien, les rendez-vous réguliers, repas,activités ou pas, médicaments, petits incidents, les bruits divers que les professionnels entendent sans entendre avec ce petit détecteur qui scanne en cas d’alerte.
Et mon rythme, il en est où ?
Ralentir, s’adapter, à contre temps, être là dans l’instant pour laisser émerger…
* Les personnes seront nommées par une lettre par soucis d’anonymat.
**Développé dans les années 1970 , le terme Snoezelen est la contraction de Snuffelen (renifler, sentir) et de Doezelen (somnoler), que l’on pourrait traduire autour de la notion d’exploration sensorielle et de détente. Le Snoezelen est une activité vécue dans un espace spécialement aménagé, éclairé d’une lumière tamisée, bercé d’une musique douce, un espace dont le but est de recréer une ambiance agréable.
Des premières fois, des souvenirs plus anciens, des souvenirs enfouis.
La mémoire comme une échelle temporelle.
Sans crier gare, sans s’y attendre, surgit l’indicible, l’indéfinissable, l’inexprimable, « l’inquantifiable ». Des yeux brillent, me disent tant sur une qualité relationnelle privilégiée.
La perception celle d’un monde « extérieur », de ses collègues, des familles, des cadres, du temps qui passe.
S’interroger sur le temps au sein d’une Maison d’Accueil Spécialisée.
Y-a-t-il un rythme différent dans l’institut?
Des ponctuations sonores : « C* va dans ta chambre ! », bruits de pas qui couinent sur le sol plastifié, paroles incompréhensibles, borborygmes, le ronron métronomique du compresseur de la machine à café.
A intervalle régulier, la lumière du couloir s’éteint. De nouveau au loin les semelles croassent, quelqu’un siffle maya l’abeille.
Dans l’attente les sens s’affinent…
Métronomique aussi l’annonce lumineuse qui nous souhaite la bienvenue à la MAS le Trimaran (non ce n’est pas une faute de frappe c’est bien la MAS pour Maison d’Accueil Spécialisée)
Premier petit déjeuner seul, dans le grand réfectoire, ou comment l’espace joue sur notre perception. Ma chaise est trop basse ou cette table trop haute, je repense à cette exposition que j’ai visité en fauteuil roulant avec un accrochage totalement inadapté à ma hauteur de regard.
Lors de mon premier tour de l’établissement je ne vois qu’une seule horloge, inattention de ma part?
Au dernier jour d’immersion, si je devais résumer tous ces échanges, c’est le mot « amour » qui serait certainement le plus juste.